De Talloires à la Visitation d’Annecy – 24 août 2023

L’étape sera très courte : de Talloires je pars en courant jusqu’à Annecy. Puis, en famille, nous monterons à pied à la basilique de la Visitation.
De la plage où je suis arrivée il y a deux jours, je monte au Roc de Chère après être passée devant le Père Bise, le prieuré devenu hôtel 4 étoiles, les grosses cylindrées et les beaux bateaux. Les gens ont si chaud qu’ils se baignent dans les endroits les plus improbables. Le sentier grimpe très raide sur le Roc de Chère, une réserve naturelle tombant à pic dans le lac. Le longer en kayak permet d’ailleurs de découvrir de jolies grottes à fleur d’eau… La pente s’atténue et le cardio se calme. La forêt a soif. On annonce la pluie et la fin de la canicule dans deux jours.

Je redescends vers Menthon et aperçois le magnifique château de saint Bernard, patron des alpinistes.

Je traverse Menthon. D’habitude, sur tout le pourtour du lac, l’on croise sans cesse des cyclistes et des coureurs. Pour l’heure, ils me laissent seule au milieu d’une foule de mangeurs de glace et de siroteurs de bières fraîches. Chaque petit ponton est pris d’assaut pour avoir l’eau à portée de plongeon. Il faut être complètement cinglée pour courir à cette heure-ci. Mais que ne ferais-je pour la France ?
La jolie route longe les magnifiques villas et j’arrive à l’embarcadère de Veyrier pour boire un peu. Je m’offre de terminer ma course après une trempette toute habillée, idéal pour éviter la surchauffe.




Ma course à pied semble si anonyme. Mais la force de la prière qu’elle offre au Créateur s’ajoutera à toutes les autres initiatives spirituelles qui fleurissent partout actuellement en France. Le Seigneur lit dans le secret de mon cœur et Il fera de mon pèlerinage ce qu’Il voudra, quand Il voudra.
Je sens qu’il faut que j’entre peu à peu dans cette tranquillité de l’âme que saint François m’a soulignée au long de ce pèlerinage et plus encore au cours de l’écriture de ces lignes. Saint François a traversé son époque en gardant toujours une distance avec les milieux qu’il rencontra : des cours royales aux simples paysans du Chablais, des prélats catholiques avachis dans leurs bénéfices aux austérités brutales des protestants, des hommes d’armes aux savants des universités de haut niveau qu’il a fréquentés. Je repense à cet épisode où il a été menacé et agressé près des Allinges par deux hommes. François reste parfaitement calme, abandonné qu’il est à son Maître et Seigneur.
– À quoi vous servirait de me tuer ? leur demande-t-il.
Il avouent qu’ils ont été payés pour le tuer et le laissent partir1.
Son calme bienveillant et la vie du Seigneur dans son âme, par sa prière fervente et quotidienne, lui valurent d’affronter les situations scabreuses, dangereuses, ou complexes avec une force tranquille que je lui envie et que je lui demande. Car notre époque l’exige tout autant que la sienne. Elle a ses dangers propres, ses crises dans l’Église aussi, ses bandits, ses hérésies théologiques, ses mauvais pasteurs, ses escrocs, ses dirigeants véreux et sa dépravation morale. Je cours pour obtenir cette force tranquille des saints.
France, n’oublie pas :
« Stat crux, dum volvitur orbis »
devise cartusienne
« Passent les mondes, la croix demeure. » Se référer à l’article précédent.
Je retrouve mon cher Julien et nos trois enfants pour la dernière ascension de ce pèlerinage : monter à la basilique de la Visitation à travers les rues ultra touristiques d’Annecy, dénommée Nessy à l’époque du saint évêque et qu’il a lui-même tant arpentées.


Franchir le Thiou, en montrant les poissons à Claire. Traverser l’île où se trouve l’ancienne prison, devenue l’emblème d’Annecy. Se frayer un chemin dans la rue Sainte Claire aux arcades anciennes si pittoresques. Emprunter la ruelle pavée qui monte au château massif. Apercevoir le clocher de la basilique. Tels sont les derniers mètres de ce pèlerinage. Au nord ouest, des nuages annonciateurs d’orages, de pluie et de dégringolade des degrés celsius.




Nous entrons dans l’édifice, jusque dans la chapelle des sœurs, pour les Vêpres suivies du Salut du Saint Sacrement.

Les enfants sont sages, un exploit ! Claire dort, un miracle !
Seigneur, je vous prie pour mon pays. Je ne doute pas ce votre saint évêque savoyard acceptera d’intercéder pour la France. Suscitez pour notre peuple des prêtres et des évêques qui ne soient autres que des saints. Vos brebis, Seigneur, ici en France, ont été dispersées par des loups infiltrés dans la bergerie. Que Votre Règne revienne ! Amen.

Merci, saint François de Sales, pour toutes les grâces reçues en abondance à l’occasion de ce magnifique pèlerinage en votre compagnie.

Il est impossible d’arrêter ces lignes sans évoquer quelques ouvrages à lire pour que les grâces reçues soient encore fécondes longtemps. Tel sera l’objet du prochain article. Ensuite, je songerai au nouvel itinéraire qui se profile déjà pour les prochaines vacances. Vous verrez, changement de climat, de décor, de relief. J’irai, si Dieu veut, vers les embruns iodés… et toujours les splendeurs du patrimoine spirituel et historique français.
En attendant, je vous invite au visionnage de ce film réalisé pour les 400 ans de la mort de saint François en 2022 par les Oblats de Saint François :
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- Gaëtan Évrard Patrick Gmeline, François de Sales La douceur de Dieu, Éditions du Triomphe, p.16 (BD) ↩︎