
Un grand photographe animalier reconnu par ses pairs et un grand écrivain aventurier contemporain se sont alliés le temps d’un voyage. Il en ressort une belle leçon. De contemplation, diront certains. En tous cas, l’occasion de transformer nos « visions » superficielles en un regard plus attentif et concentré. Laissons-nous guider et ajustons nos focales…
Vincent Munier a invité Sylvain Tesson à une petite virée tibétaine pour chasser les animaux des hauts plateaux. Entendons bien que Munier ne chasse ni ne mitraille qu’avec un téléobjectif. La traque, patiemment menée pendant des heures d’affût par moins trente ou moins quarante degrés, aboutissait à contempler la vie des bêtes. Rien d’autre que l’amour et le respect de la vie des créatures. Munier, le photographe artiste, sublime ce qu’il voit, ce qu’il regarde. Car il scrute, longtemps, patiemment. Tesson, l’écrivain ciselé, transcrit ce qu’il vit. Car il observe, l’intelligence affûtée. Il en est ressorti deux livres, l‘un du photographe, l’autre de l’écrivain.


Une seule photo de Munier est publiée dans l’ouvrage de Tesson. Celle-ci :

L’on peut faire l’exercice de noter ce que notre œil perçoit si l’on se contente de « voir » cette photo. Puis l’on note ce que notre œil perçoit si l’on accepte de vraiment « regarder » l’image, c’est-à-dire de la scruter un peu. Faisons le même jeu avec un enfant et comparons avec ce que perçoit un adulte. Un enfant arrive à noter ce qu’il y a plus à la périphérie.
Et vous ? Que voyez-vous sur la photo ? Si je vous dis que même Munier n’a rien vu sur la photo, si ce n’est quelques mois après…
Je vous aide : la photo est à la page 123 de « La panthère des neige » de Sylvain Tesson, chez Gallimard, 2019. Alors, vous la voyez enfin ?
L’on passe à côté de tant de choses si l’on se contente de voir autour de soi, superficiellement. Regarder plus attentivement ouvre déjà à plus de découvertes. Mais, j’aime appliquer cette maxime en anglais : « Think out of the box ». Alors, de grands horizons s’ouvrent.