
Il y a quelques années, le sujet de théologie suivant a été proposé aux étudiants de première année de théologie du cycle C de l’Institut Catholique de Paris. Est-il possible que Dieu soit tout-puissant et que son Fils soit mort sur la Croix ? Voici quelle fut ma contribution.
Est-il possible que Dieu soit tout-puissant et que son Fils soit mort sur la Croix ?
Introduction
L’énoncé d’un tel sujet ne peut faire l’économie d’une analyse, brève mais détaillée, des mots de la question, ce par quoi nous commencerons afin de délimiter, dans un deuxième temps, les contours d’une problématique.
La proposition principale de la question est : « Est-ce possible ? » La question essentielle porte donc sur une possibilité, la possibilité que deux réalités soient compatibles. Le reste du sujet appartient à la proposition subordonnée : « que Dieu soit tout-puissant et que son Fils soit mort sur la Croix ? ».
Grammaticalement, l’opposition entre la toute-puissance et la mort sur la Croix n’est pas soulignée puisque la conjonction de coordination est et et non alors que. La question se contente de juxtaposer deux réalités : la toute-puissance de Dieu et la mort sur la Croix de son Fils.
Pourtant le sens de la question s’articule bien autour de ce mot et, car la question n’est pas : Dieu est-il tout-puissant ? ni Le Fils est-il bien mort sur la Croix ? La question posée présuppose en effet la réalité de la toute-puissance effective de Dieu d’une part et la mort sur la Croix du Fils d’autre part et n’interroge pas sur la possibilité de ces réalités, supposées crues ou admises, mais bien sur leur compatibilité, car leur opposition reste évidente du point de vue du sens.
Par ailleurs, le sujet posé stipule bien une majuscule au mot Croix et emploie l’article défini la pour désigner une croix bien particulière. Il s’en suit que l’opposition entre la toute-puissance et la mort sur la croix ne met pas en regard n’importe quelle toute-puissance d’une part avec n’importe quelle souffrance sur n’importe quelle croix d’autre part. Il s’agit bien de la toute-puissance de Dieu et de la mort sur la Croix du Fils.
Ainsi, la question met bien en regard les deux sujets suivants : Dieu et le Fils et non pas le Père et le Fils. Bien que le Saint Esprit ne soit pas explicitement évoqué, une réflexion trinitaire semble cependant nécessaire pour approfondir cette question.
Mais assurément, l’axe principal du sujet tourne autour de l’opposition entre toute-puissance et mort sur la Croix.
Autrement-dit, on s’interroge sur la possibilité d’une contradiction, d’un paradoxe, d’une opposition entre la toute-puissance de Dieu d’une part et la mort sur la Croix de son Fils d’autre part. Mais qu’entend-on par possibilité ? La question « Est-ce possible ? » sous-entend-elle : Est-ce plausible, à savoir vraisemblable ou admissible, est-ce réaliste, est-ce crédible, y a-t-il une potentialité que cela arrive, est-ce acceptable, compatible, concevable, conciliable, ou encore convenable, décidable, envisageable, supportable ? Quel vocable théologique se cache derrière le mot possible ? Si la théologie est la science de Dieu, elle vise à rendre compte, par le moyen de la raison humaine, de la foi qu’elle confesse. Parmi les synonymes mentionnés, avec leurs richesses de nuances ouvrant sur de multiples domaines, même psychologique, nous retiendrons celui de compatibilité, plus proche des exigences d’une démarche théologique. Par conséquent, la question « Est-il possible que Dieu soit tout-puissant et que son Fils soit mort sur la Croix ? » peut être reformulée ainsi : la toute-puissance de Dieu est-elle compatible avec la mort de son Fils sur la Croix ? Mais puisqu’il ne s’agit pas non plus de remettre en cause ici ni la toute puissance de Dieu, ni la mort de son Fils sur la Croix, nous pouvons affiner la problématique ainsi : comment rendre compte de la compatibilité de la toute-puissance de Dieu et de la mort sur la Croix de son Fils ? Ou encore, quel attribut divin est à même de concilier ce qui semble contradictoire à la raison humaine ?
Nous nous arrêterons dans un premier temps sur la contradiction entre une toute-puissance divine et la souffrance et la mort infamante d’un crucifié. Car, mourir est l’abdication et l’anéantissement de la toute-puissance. Puis, nous franchirons une première étape au-delà de cette contradiction pour tenter de pénétrer la nature de la toute-puissance divine d’une part et celle de la mort du Fils d’autre part, sans qu’un lien puisse être encore établi entre ces deux réalités à ce stade de notre réflexion. Viendra alors le moment d’un développement au cœur du mystère trinitaire pour mettre en regard Dieu et le Fils, car ce n’est qu’au sein de la Trinité que peut résider la clef de voûte qui peut soutenir indissolublement à la fois la toute-puissance de Dieu et la mort sur la Croix du Fils.
Une contradiction bien réelle
L’on sent bien une tension entre deux extrêmes qui s’opposent et, a priori, la toute-puissance ne semble pas pouvoir cohabiter avec une quelconque mort. Il y a donc bien une contradiction, encore faut-il situer plus précisément où se trouve la contradiction, car, à la réflexion, la cohabitation de la toute-puissance et de la mort n’est peut-être pas complètement en dehors du cadre de l’expérience humaine.
Alors où est la contradiction ?
1 – Toute-puissance et mort selon l’expérience humaine
La contradiction apparaît d’abord dans une lecture rapide et superficielle des notions de toute-puissance et de mort. La toute-puissance est perçue comme l’absence de contrainte, la concrétisation d’un pouvoir absolu sur les choses et les personnes qui constituent l’environnement de l’être revêtu de la toute-puissance. Le Petit Robert précise : « puissance : état d’une personne qui peut beaucoup, qui a une grande action sur les personnes, les choses ; domination qui en résulte. » La toute-puissance est, par conséquent, l’absolutisation de ce pouvoir et de cette domination. La notion de puissance, et a fortiori celle de toute-puissance, a fait dans la psychologie humaine un chemin comparable à la notion d’autorité. En effet, l’autorité, éthymologiquement augere en latin, veut dire rendre plus grand, faire grandir. Il s’agit donc bien à l’origine d’une notion positive et exercer son autorité devrait donc revenir à faire croître, faire grandir ses enfants, son conjoint, ses salariés, ses administrés… Mais l’expérience a montré parfois un déplacement de cette notion vers ce qu’il conviendrait aujourd’hui d’appeler plutôt de l’autoritarisme, voir une véritable dictature. La toute-puissance, en tant que notion connexe à celle d’autorité, a suivi une déformation semblable. La toute-puissance est souvent, en effet, perçue comme la possibilité d’exercer ses pouvoirs librement et sans contrainte y compris au détriment du respect des autres et de toute vie humaine. La toute-puissance est proche d’un pouvoir absolu que rien ne peut restreindre ni altérer. Elle peut également s’apparenter à une gloire, celle de certains artistes ou sportifs qui sont au sommet de leur art, qui sont en état de grâce, selon le vocable assorti. En somme, la toute-puissance peut être associée aisément à une forme de pouvoir et de gloire sans fin possible. La domination qui en découle ne peut alors rencontrer aucune opposition. La mort ne peut nullement constituer une perspective à la toute-puissance.
La mort, elle, est l’anéantissement, la disparition définitive, la « cessation de la vie, la fin, la ruine », selon Le Petit Robert. La mort ne peut être dissociée, sans que l’on puisse non plus entièrement la réduire à cela, de l’échec, de la douleur, d’une forme de déréliction qui atteint l’homme dans sa grandeur, du désespoir et de la stérilité. La mort décompose tout ce qui constitue la puissance de l’homme. La toute-puissance étant concevable tant que la vie demeure, elle est détruite par la mort qui, par conséquent, la contredit définitivement. La mort et la toute-puissance sont donc, de ce point de vue, incompatibles.
Pourtant, selon la même expérience humaine, la contradiction peut s’amenuiser, voire disparaître : certains grands sportifs meurent au sommet de leur force physique et tous les grands hommes d’états réputés puissants, voir tout-puissants, finissent par mourir, sans même que cela étonne. Pire, bien des peuples se sont trouvé soulagés à la disparition de certains tout-puissants. Apparaît même une forme de justice dans la mort de certains tout-puissants qui ont fait de leur toute-puissance un instrument du martyr de trop d’êtres humains. La toute-puissance érigée en système de dictature sous toutes ses formes devient alors non seulement compatible avec la mort, mais y trouve même sa fin logique. Finalement, la contradiction entre toute-puissance et mort dépend du contenu sémantique des mots. Assurément, il faut, pour pénétrer l’essence de notre question, dépasser le sens commun que l’on applique à ces termes-clef.
Pourtant, aucune compatibilité entre toute-puissance et mort n’est pensable selon une certaine conception de Dieu, qui dans une transcendance absolue ne peut pas mourir. Dans ce que la philosophie peut nous transmettre de Dieu, la mort ne peut l’atteindre, car il est l’être, l’être absolu, l’être immuable. Et non seulement, il ne peut pas mourir, mais il est la perfection pure et donc entre autre la toute-puissance, une toute-puissance positive et bénéfique, pleine de bonté. Donc, là n’est pas encore la contradiction puisque, en Dieu, la mort, inexistante, ne peut détruire ni donc s’opposer à la toute-puissance.
2 – La Révélation trouble la raison, le lieu de la contradiction
La contradiction ne réapparaît que lorsque l’on a introduit, dans le concept de Dieu, ce que la raison humaine n’est pas en mesure de découvrir par elle-même, mais ce que la Révélation dit de Dieu, à savoir qu’il est trine et que l’une des trois personnes de la Trinité s’étant incarnée, elle est morte sur une croix. La contradiction se situe donc au cœur d’une réalité révélée, mais passée au filtre de la raison humaine. Dit autrement, la contradiction se situe au sein même de la raison humaine, mais concernant un mystère révélé. Dieu ne peut pas mourir et pourtant, en la personne du Fils, Dieu fait l’expérience humaine de la mort.
Finalement, la contradiction entre toute-puissance et mort semble surmontable selon l’expérience humaine, dans laquelle elle n’est que superficielle. Le cœur de la contradiction est ailleurs et c’est au cœur des mystères révélés que la raison doit tenter de rendre compte de l’opposition entre la toute-puissance de Dieu et la mort du Fils sur la Croix. C’est que, selon les registres, l’on ne met pas tout à fait les mêmes réalités derrière les mêmes mots.
De nouvelles questions se posent désormais. La toute-puissance de Dieu a-t-elle des limites ? Dieu pose-t-il des limites à sa toute-puissance ? L’homme pose-t-il des limites à la toute-puissance de Dieu ? Qu’y a-t-il donc de comparable entre la toute-puissance humaine et la toute-puissance divine ? De même concernant la mort, la mort de Christ sur la Croix peut-elle être perçue comme « cessation de la vie », la cessation de sa vie, comme sa « fin » et sa « ruine » ?
Ces questions ne trouveront de réponse que si l’on donne aux mots le sens adéquat et juste. Alors de quoi parle-t-on quand on évoque la toute-puissance de Dieu ? De quoi parle-t-on quand on réfléchit sur la mort du Fils sur la Croix ?
De quoi parle-t-on ?
Entrons donc maintenant au cœur des mystères révélés… Nous avons bien dit en introduisant notre propos qu’il est bien question d’une toute-puissance bien particulière, celle de Dieu, et qu’il s’agissait d’une mort bien particulière, celle du Fils sur la Croix.
1 – Le Fils est mort sur la Croix : de quoi parle-t-on ?
Quelles sont la nature et la portée de la mort du Fils sur la Croix ? Quand le Fils de Dieu meurt sur la Croix, s’agit-il d’une mort ordinaire ? Peut-on la réduire à ce qu’elle a de plus douloureux, infamant et sanglant ? Reste-t-elle sans espérance ? La mort du Fils constitue-t-elle un échec et par là-même l’anti-puissance ? Dieu est-il mort, en somme ?
« Or Jésus, poussant de nouveau un grand cri, rendit l’esprit. » (Mt 27, 50)
« Venus à Jésus, quand ils virent qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l’un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et il sortit aussitôt du sang et de l’eau. » (Jn 19, 33-34)
Jésus, en tant que vrai homme, pleinement homme, est passé par l’expérience de la mort, une mort authentique, constatée par des témoins et relatée comme un fait historique. Il a été condamné par un tribunal humain et sa mort a été précédée de plusieurs heures de souffrances intenses. La mort du Fils est de même nature que la mort de tout être humain, en tant que fin de la vie physique et biologique du corps. « Maintenant mon âme est troublée. Et que dire ? Père, sauve moi de cette heure ! » (Jn 12, 27) Le Fils a connu le trouble qui précède la mort, la peur, l’agonie. Il a prié et demandé que lui soit épargné le supplice. La nature humaine est hostile à la souffrance physique et morale, elle ne peut envisager sa mort sans ressentir l’angoisse ni l’effroi. Jésus, conformément à sa pleine nature humaine, a souffert et est mort.
Pourtant, la mort est une chose, le mourant en est une autre. L’acte ne se confond pas avec la personne. Si la mort reste ce qu’elle est, la personne qui meurt, en vertu de ses capacités à la liberté, à l’intelligence et à l’amour est en mesure de donner une portée singulière à la mort qui sera la sienne, selon la disposition de son être face à l’acte de mourir. Il y a mort et mort, il y a mourir et mourir, il y a le bon et le mauvais larron. Certains meurent avec panache, d’autres dans la déchéance, certains en héros, d’autres en lâche. Ici se pose, en effet, la question suivante : mourir sur une croix est-il nécessairement signe de faiblesse ? Être condamné par un tribunal humain fait-il nécessairement perdre sa dignité, voir même sa force et sa puissance ? Peut-il se trouver une forme de virilité, de force et de puissance dans une mort sur une croix ? Tout dépend donc, non pas de la mort, mais de la manière de mourir. Il est possible de témoigner d’une grande dignité et même d’une immense force face à une mort particulièrement douloureuse ou injuste.
Alors, quelle portée, quelle fécondité le Christ a-t-il mis dans sa propre mort ? Devant Pilate, Jésus effectue un déplacement : « Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais mon royaume n’est pas d’ici. » (Jn 18, 36) Il est roi (« Pilate lui dit : « Donc tu es roi ? » Jésus répondit : « Tu le dis, je suis roi. » » Jn 18, 37) et affirme que son règne ne rentre pas dans nos schémas humains de nos royaumes politiques. La nature de son royaume n’étant pas la même, les moyens qu’il prend pour le défendre diffèrent également. Sa royauté ne peut être défendue par les moyens militaires humains, mais par la manière qu’il utilise lui-même. Suivre le Christ du jardin des oliviers jusqu’au Golgotha renseigne donc sur la manière qu’il emploie pour défendre son royaume. Les dispositions intérieures de sa personne dans ses dernières heures de sa vie renseignent sur la portée et la fécondité de sa mort. Il donne un but à sa mort. « Maintenant mon âme est troublée. Et que dire ? Père, sauve moi de cette heure ! Mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom ! Du ciel vint alors une voix : « Je l’ai glorifié et de nouveau je le glorifierai. » » (Jn 12, 27) Sa mort est la gloire de son Père. Nous atteignons ici un premier élément de réponse à notre problématique : l’opposition intrinsèque entre toute-puissance et mort trouve un éclairage que les mots du langage humain peinent à dépasser. Mais le Christ rend compte ici d’une toute-puissance inédite, à savoir faire jaillir de sa mort un fruit de gloire, gloire qu’il remet au Père. La mort dépasse résolument l’infamie et la dégradation qu’elle véhicule, la mort devient féconde et ses fruits sont glorieux.
Allons encore plus loin. Pourquoi Jésus attache-t-il à sa mort la gloire de son Père ? La mort est l’œuvre et la conséquence du péché de l’homme, non de Dieu. La péché de l’homme a deux conséquences : Dieu a été atteint dans sa gloire et l’homme a perdu la béatitude. Jésus a une double mission dont le Père l’a revêtu : glorifier le Père et sauver les hommes. Le salut des hommes fait partie de la gloire du Père. « Il est de votre intérêt qu’un seul homme meurt pour le peuple et que la nation ne périsse pas toute entière. » (Jn 11, 50) Se cotoient dans ce verset deux morts non semblables : la mort physique du Sauveur rachète la mort éternelle du genre humain dûe au péché originel. La gloire du Fils est le salut de l’homme, elle passe par la Croix. « Voici venue l’heure où doit être glorifié le Fils de l’homme. » (Jn 12, 23) « Car il vient, le Prince de ce monde ; sur moi il n’a aucun pouvoir. » (Jn 14, 30) « C’est maintenant le jugement de ce monde ; maintenant le Prince de ce monde va être jeté bas ; et moi une fois élevé de terre, je les attirerai tous à moi. Il signifiait par là de quelle mort il allait mourir. Nous avons appris de la Loi que le Christ demeure à jamais. » (Jn, 12, 31-34). Le Prince de ce monde, source du péché, cause de la mort de l’homme, n’a sur le Fils aucun pouvoir. La mort du Fils ne constitue donc pas une quelconque emprise du Prince sur le Fils. Jésus indique de quelle mort il va mourir : il ne meurt donc pas par impuissance face à l’auteur de la mort, puisque il n’a sur Lui aucun pouvoir. Il meurt donc en dominant par sa nature divine même la mort. La mort du Fils est donc assumée dans une liberté que Dieu seul peut assumer, une liberté de toute-puissance, une toute-puissance de liberté, une souveraine toute-puissance qui sauve et donne gloire.
La mort du Fils dans sa nature humaine donne déjà quelques éléments de la nature de cette mort. Mais le Fils a aussi la nature divine revêtue par conséquent d’immortalité. « Avant qu’Abraham existât, Je Suis. » (Jn 8, 58) Cette nature divine lui vaut d’ailleurs le motif de sa condamnation : « Toi, n’étant qu’un homme, tu te fais Dieu » (Jn 10, 31). Jésus est car Dieu est et que Jésus est Dieu. Dieu est l’être par essence. Dieu n’a pas l’existence, il est l’être. Il est donc la vie (« Je suis la Vie. » Jn 14, 6) Puisqu’il est l’être et la vie, que le Prince de ce monde n’a sur lui aucun pouvoir, la mort non plus n’a sur lui aucune prise. « Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus. Mais vous, vous verrez que je vis. » (Jn 14, 19) Jésus vit. Sa mort, bien réelle, n’est pas l’amoindrissement, ni la négation de sa vie. Là se trouve une forme de toute-puissance, quand non seulement la liberté souveraine fait assumer une mort, mais quand cette mort n’a pas le dernier mot. «Parce que je dépose ma vie pour la reprendre. Personne ne me l’enlève ; mais je la dépose de moi-même. J’ai le pouvoir de la déposer et j’ai pouvoir de la reprendre ; tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père. » (Jn 10, 17-18) « Je suis la résurrection. » (Jn 11, 25) Telle est la nature de la mort du Fils : souveraine, libre, souverainement libre, donnant sa vie sans que personne n’ait pouvoir sur elle puisque sa toute-puissance de vie dispose d’elle librement. Cette toute-puissance est au service de la gloire du Père offensé par le péché de l’homme et le Fils en dispose pour offrir à l’homme le salut. Telle est la toute-puissance du Fils au sein même de sa vie, toute-puissance de vie inchangée au sein même de sa mort.
Nous en sommes arrivés à évoquer la toute-puissance du Fils, alors que la question parle de la toute-puissance de Dieu. Certes, nous aborderons dans une troisième partie certains aspects trinitaires qui éclaireront le lien entre le Fils et Dieu, mais ils apparaissent déjà à ce stade de notre réflexion : « Le Père demeurant en moi fait ses œuvres. » (Jn 14, 10) Il importe cependant de s’arrêter quelques instants sur ce que l’on entend par toute-puissance de Dieu.
2 – La toute-puissance de Dieu : de quoi parle-t-on ?
« La confession de la foi chrétienne commence avec la proposition : « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant. » »[1] Le Chrétien est appelé à rencontrer et entrer en relation avec un Dieu tout-puissant, car si le Père est confessé comme tout-puissant, c’est en réalité l’entière nature divine qui est toute-puissante. Comment se manifeste-t-elle à l’homme ? D’abord de manière assez proche de ce que la toute-puissance évoque dans le cœur de l’homme à première vue, à savoir, une force capable de réaliser des œuvres que l’homme ne peut accomplir. En premier lieu la création relatée dans la Genèse ou en Jn 1, 3 : « Tout fut par lui et sans lui, rien ne fut. » De plus, rien ne peut échapper à sa puissance : « Nul ne peut rien arracher de la main du Père. » (Jn 10, 29). L’œuvre de la création, œuvre qui consiste à donner l’existence aux êtres qui nous entourent est un acte profondément divin. En effet, rien de ce qui est n’étant par lui-même, seul l’être par excellence peut donner l’existence à ce qui est or le seul être qui soit par lui-même existant est Dieu.
Par ailleurs la toute-puissance de Dieu se manifeste aussi au travers des miracles relatés dans les Évangiles, comme l’eau changée en vin aux noces de Cana (Jn 2) ou la résurrection de Lazarre en Jean 11. Ce que la raison humaine ne peut concevoir ni encore moins réaliser et qui, pourtant, est constaté par des faits, renvoie à l’agir de Dieu dans une forme de toute-puissance, en tout cas dans un agir supérieur à l’agir humain.
Pourtant, une réflexion sur la toute-puissance de Dieu ne peut se contenter d’évoquer ces aspects. En effet, si l’agir de Dieu considéré comme agir de Dieu seul apparaît tout-puissant et infaillible, dès lors que cet agir divin rencontre l’agir et la liberté de l’homme, des difficultés apparaissent, comme si l’homme avait le pouvoir de mettre, non pas Dieu, mais son agir, en échec. Prenons deux exemples, celui de la Parole, du Verbe, et de son sort dans le cœur de l’homme, selon une analyse de Karl Rahner dans Homélies bibliques, Quelle est la puissance de la semence de Dieu ?[2] Le deuxième exemple est celui de l’amour, selon une analyse de Hans-Urs von Balthasar dans L’amour seul est digne de foi, au chapitre IV : l’échec de l’amour.[3]
Karl Rahner commente dans cette homélie biblique Lc 8, 4-15, la parabole du semeur. Dans ce passage, Jésus « dispense les paroles de Dieu. Elles sont force, lumière et grâce, […] [Jésus] fait don en quelque sorte de toute la force de son cœur, de son amour, de sa grâce. » Cette Parole qui vient d’en haut éclaire tout homme et le guide vers la vie éternelle. Telle est la nature et la vocation de cette Parole, investie d’une certaine toute-puissance. Pourtant, Karl Rahner poursuit : Jésus constate que « sa parole n’a pas de succès. » La Parole est force, lumière et grâce, mais elle n’a pas de succès, elle ne rencontre pas l’écoute qu’elle mérite. Le verbe être traduit ce qu’elle est ontologiquement, le verbe avoir ne traduit que ce qu’elle reçoit. L’insuccès de la Parole n’est pas ontologique, il est la conséquence de la liberté des êtres qui la rencontrent et ne la mettent pas en pratique, de sorte que la Parole subit, malgré sa perfection puisqu’elle est divine, une forme de stérilité et d’échec. Ces êtres qui sont capables de faire obstacle à la fécondité d’amour de cette Parole sont les hommes qui « ont des oreilles sourdes et […] des cœurs froids », des hommes, qui, « sans cesse, répondent par le refus, le dédain, la fausse interprétation, la prétention d’être mieux informés. » Ainsi, la force de la Parole lui est certes intrinsèque, mais la liberté de Dieu a voulu que l’homme soit doté aussi de liberté et que par conséquent la potentialité de la mise en échec de cette Parole soit bien réelle. La toute-puissance de Dieu n’est pas dans un totalitarisme qui ne saurait supporter la moindre opposition, ni la moindre contradiction. La toute-puissance de Dieu est supérieure à cette vision-là de la puissance, elle est telle qu’elle assume pleinement la liberté et le péché de ceux-là mêmes qu’il a créés et qu’il sauve. Cependant, Karl Rahner ajoute que l’homme est seul responsable de l’échec qu’il inflige à la Parole et que rejeter cette responsabilité sur Dieu n’est autre qu’une tentation : « Non, homme, prends sur toi la responsabilité du sort réservé à la semence de Dieu dans ton cœur et confesse que tu es un pécheur, que tu as sans cesse un cœur dur et un esprit qui ne recherche pas la lumière de Dieu comme elle devrait être recherchée. » La Parole est force et lumière, elle est efficace et même créatrice, mais elle peut être mise en échec par l’homme. Cependant cette mise en échec n’est pas absolue, car c’est le péché en l’homme qui produit cet échec. Or le Fils s’est incarné et est mort sur la Croix, précisément pour sauver l’homme de son péché. Ainsi, la Parole ne remontera pas au ciel sans avoir fécondé la terre et porté du fruit.
Hans-Urs von Balthasar, dans le chapitre IV de Seul l’amour est digne de foi[4], insiste sur la finitude de l’amour dans la créature. Mais l’amour de Dieu connaît-il une sorte de finitude ? Intrinsèquement non, mais, ajoute l’auteur, « Que l’amour de Dieu transforme l’homme, le convertisse ou l’endurcisse, ce n’est pas son essence, mais son effet. » Un effet qui n’existe qu’en vertu de la liberté de l’homme et de son péché. L’amour, en Dieu, est parfait et ne présente aucune ombre, mais un être autre que Dieu peut le mettre en échec par le péché, le péché étant l’absence du bien qu’appelle l’amour.
Il apparaît donc à ce stade de notre réflexion que nous n’avons pas tant répondu à notre problématique qu’étoffer le paradoxe lui-même. En effet, nous avons mis en lumière une tension entre la mort du Fils sur la Croix qui révèle une forme éminente de toute-puissance et la toute-puissance de Dieu qui rencontre une forme d’échec dans l’accueil que la Parole, le Verbe, donc le Fils, reçoit dans le cœur pécheur de l’homme. Cette tension est celle de la liberté de Dieu face à celle de l’homme. Mais plutôt que d’en être resté à une simple contradiction, nous avons progressé vers la notion de tension.
Il nous faut donc aller encore plus loin, afin de trouver la clef de voûte qui peut éclairer cette tension, qui peut rendre compte inséparablement des éléments en tension, qui, finalement, peut donner à cette tension un équilibre, une unité. « C’est pourquoi la distance qui juge et la proximité qui sauve, le jugement et la grâce, la toute-puissance comme la miséricorde et le pardon, sont liés […] en une tension indissoluble. Cette tension renvoie à son tour au-delà d’elle-même et presse vers l’unité ultime. »[5]
« Qui m’a vu a vu le Père. » (Jn 14,9) « Mon Père et moi sommes un. » (Jn 10, 30). Cette unité susceptible d’éclairer la tension trouve son fondement dans l’unité trinitaire.
Dieu et son Fils
Rappelons que le sujet qui nous préoccupe met deux sujets en regard : Dieu et le Fils et non le Père et le Fils ce qui eût été, dans une certaine mesure, plus cohérent, car le Fils est pleinement Dieu. C’est donc au sein de la Trinité que les trois personnes sont à mettre en regard, sans qu’il soit possible d’en sortir une. Le Fils n’est pas sorti de la Trinité en s’incarnant, car son union hypostatique au Père demeure.
Il n’est pour autant pas inutile de s’arrêter sur la notion de Père, car déjà dans la notion de Père réside à la fois et pleinement la puissance et la bonté, la justice et la miséricorde.
Le Fils, engendré par le Père, accomplit les œuvres du Père dans l’amour qu’est l’Esprit Saint. L’amour est-il ce qui peut supporter et unifier en lui-même, tout en gardant une certaine tension, ce qui est de l’ordre de la toute-puissance Dieu et ce qui relève du sacrifice sanglant du Fils sur la Croix ?
1 – Dieu, comme Père
Dieu est Père, d’abord, ce qui renseigne sur Dieu. Le Père est principe créateur, gardien et nourricier de la vie, puissance, autorité mais aussi bienveillance, bonté, bienfaisance, aide. Bien que l’expérience humaine ait été amenée à déformer la notion de Père, il reste que le Père sait autant faire preuve d’autorité que de bonté. Encore faut-il ne donner à l’autorité que la notion première de faire croître, faire grandir. Dieu n’écrase pas la créature qu’il a créée, il n’a de cesse dans sa bienveillance que de la conduire pour l’élever. Cette mise en tension entre puissance et bienveillance ne confère pas des limites à aucune d’elles, mais, en Dieu, elle coexiste indistinctement autant qu’infiniment. Il en va de même pour ce que l’on appelle les attributs de Dieu, que seule la raison humaine sépare pour faciliter la compréhension. Mais, en Dieu, puisqu’il est l’être absolu, se trouvent parfaitement, entièrement, éternellement et infiniment la justice et la miséricorde, sa toute-puissante justice et son pardon opéré par l’offrande du Fils sur la Croix pour le salut. Bien que l’expression ne traduise toujours pas l’essence indiscible de Dieu, l’on peut avancer qu’en Dieu la justice est la mesure de la miséricorde et la miséricorde est la mesure de la justice.
2 – Le Fils face au Père
« Nous ne devons pas penser l’essence de la filiation divine de Jésus-Christ à partir de sa naissance éternelle et temporelle, mais à partir de sa mort sur la croix. Ce n’est pas la génération du Fils par le Père […] mais la livraison du Fils par le Père et la livraison de soi du Fils au Père et pour la multitude qui doit être le point de départ de la réflexion christologique. »[6]
Walter Kasper ajoute : « Le Christ offre sa propre vie et par là il délivre le cortège des frères du péché originel. Cependant par la même action qui offre au Père l’expiation la plus grande possible, il atteint aussi le but de ses désirs contre le Père. »[7]
Or « Le Père et le Fils ne sont pas simplement de même substance mais plus précisément de substance une »[8] Il y a donc une communion d’agir entre le Père et le Fils, qui ne peut être motivée que par l’amour, car seul l’amour peut assurer l’unité sans confusion ni entre les personnes, ni entre les agir.
3 – Dieu comme Trinité
Finalement, le grand absent de la question posée est le Saint Esprit et il apparaît désormais qu’il soit l’unique auteur, en Dieu, d’un amour capable de rendre réelles et compatibles la toute-puissance du Père et la mort sur la Croix du Fils. Car l’Esprit Saint dit que la nature de la toute-puissance de Dieu est une toute-puissance d’amour et il dit que la mort assumée par la nature humaine du Fils est une mort d’amour. Dieu est amour.
Mort et toute-puissance : la clef de voûte de l’amour
Il ne convient plus vraiment désormais de parler de toute-puissance que la mort anéantirait et à laquelle elle s’opposerait, mais d’amour. L’amour met en tension ce que nous savons de Dieu et permet de dépasser ce que la raison humaine a tendance à opposer, comme si l’amour assumait l’unité et l’équilibre entre des réalités distinctes. La toute-puissance de Dieu n’est en rien diminuée par la mort du Fils sur la Croix puisque cette mort révèle la toute-puissance. La mort du Fils révèle la sainteté absolue de Dieu. La réalité de la mort ne peut non plus être minimisée puisque la toute-puissance de Dieu assume pleinement et librement (d’une plénitude et d’une liberté toutes divines) cette mort offerte par amour pour le salut de l’homme et la gloire de Dieu. « Dans ces conditions, on ne pouvait attribuer à Dieu les pathè que dans la mesure où il les accepte librement, de sorte que ces [pathè] ne sont précisément pas chez Dieu l’expression de la finitude, de la servitude et du péché, mais au contraire celle de sa puissance et de sa liberté. »[9]
Dieu ne subit pas la Croix, il l’embrasse librement. Kasper précise que cette mort, que l’on peut voir comme une « auto-aliénation », « n’est par conséquent pas un abandon de soi, ni une auto-dédivinisation de Dieu. »[10] Dieu reste Dieu sur la Croix, donc amour tout-puissant, amour si puissant qu’il est maître de la mort que le Fils traverse. C’est pourquoi, cette mort par amour est féconde en ouvrant aux hommes la voie du salut. Elle débouche sur la résurrection.
L’amour rend compte de la toute-puissance de Dieu, dont le Fils embrasse, dans la logique de cet amour, la mort. Cependant, quelque chose n’est pas encore satisfaisant dans notre réflexion. En effet, bien des saints sont aussi morts dans cette démarche surnaturelle de l’amour qui offre sa vie pour le prochain. Certes tous ces saints ont pu embrasser leur mort et leur martyr dans la suite du Christ et par sa grâce. Eux aussi ont embrassé la logique de l’amour et y ont consenti librement. Mais leur liberté se limite à entrer ou non dans la logique de l’amour. La mort reste pour eux, comme pour tout être humain, un événement subi sur lequel la liberté n’a aucune prise, faute de toute-puissance. Ils peuvent décider de la manière avec laquelle ils vont mourir, de la disposition intérieure de leur cœur, dans la mort, mais ils n’ont aucune prise effective sur la mort elle-même. Dieu seul étant l’être par excellence et donc la vie, Dieu seul reste entièrement maître de la mort qu’il embrasse librement. Il donne sa vie, mais nul ne la lui prend. Il dépose sa vie et ressucite. Là réside sa toute-puissance d’essence divine, et seulement divine. Pour approcher encore davantage cette tension entre la toute-puissance de Dieu et la mort du Fils sur la Croix, il convient donc de regarder non seulement l’amour qui unifie ces deux réalités, mais également l’insondable liberté qui les caractérise. « L’auto-aliénation de Dieu [n’est pas] l’expression d’un manque [ni] d’un destin nécessaire. […] Quand Dieu souffre, il souffre de façon divine, c’est-à-dire sa souffrance est l’expression de la liberté ; Dieu n’est pas atteint par la souffrance, il se laisse librement atteindre par elle. Il ne souffre pas comme la créature d’un manque d’être, il souffre par et dans son amour, qui est la surabondance de son être. »[11] Dieu est Je Suis, Dieu est vie et résurection, Dieu est Amour, Dieu est libre. Ainsi la tension que nous évoquons ne conduit nullement à un déchirement ni à une rupture, mais à un équilibre tout en douceur et souplesse.
Conclusion
Au terme de notre réflexion, si tant est que l’on puisse parler de terme, car le sujet ne peut être clos, nous avons abouti à ce qui apparaît comme la clef de voûte qui supporte l’opposition entre la toute-puissance de Dieu et la mort du Fils sur la Croix : l’amour souverainement libre de Dieu. Au début de notre parcours, nous avons d’abord consenti à un déplacement sémantique quant aux notions elles-mêmes afin de trouver où se trouve réellement la contradiction. Et nous avons compris que l’opposition, le contraste ne se situent pas tant dans une compréhension superficielle et courante de la toute-puissance humaine et de la mort. Le contraste apparaît de façon particulièrement troublante quand est introduit dans notre connaissance de Dieu la Révélation. En effet, c’est au cœur de l’essence divine que jaillit l’opposition. Nous avons donc approfondit ce que peut signifier en Dieu la toute-puissance et dans le Fils la mort. Ainsi, avons-nous découvert qu’au cœur du mystère trinitaire ces réalités ne s’opposent plus, mais sont mis en tension par l’amour. Mais comme cet amour est d’essence divine, il est également souverainement libre ce qui permet de regarder la tension non plus comme potentiellement fragile, mais comme une réalité pleinement équilibrée et souple.
« Tué par la mort, il a tué la mort. »[12] Dieu n’est nullement conditionné par quoi que ce soit, ni enfermé par une quelconque réalité, ni soumis à quiconque. Je Suis est effectivement tout-puissant. Et c’est au cœur de cette toute-puissance que s’exerce sa liberté d’amour qui peut ainsi souverainement embrasser la condition humaine et la mort sans y être pour autant soumis. C’est dans la perspective de l’amour libre de Dieu qu’il est donc possible que Dieu soit tout-puissant et que son Fils soit mort sur la Croix.
Y aurait-il d’autres voies d’amour que la Croix ? Dieu aurait-il pu nous sauver autrement qu’en révélant son amour tout-puissant sur la Croix ? Peut-être, mais c’est cette voie-là que Dieu a, dans la toute-puissance de sa liberté et de son amour, choisie pour nous sauver.
« Le langage de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance de Dieu. » (1Co 1, 18)
Bibliographie :
Évangile selon Saint Jean, BJ
Hans Urs von BALTHASAR, L’amour seul est digne de foi, Paris, Parole et Silence, 1999, traduit de l’allemand par Robert Givord.
Jean-Pierre BATUT, Dieu le Père tout-puissant, Paris, Parole et Silence, 1998.
Walter KASPER, Le Dieu des Chrétiens, Paris, Cerf, 1985 Karl RAHNER, Homélies bibliques, Collection Homélies Salvator, Salvator, Paris, 3ème édition, 2001, traduction Jean Colleau
[1] Walter KASPER, Le Dieu des Chrétiens, Paris, Cerf, 1985, p.201
[2] Karl RAHNER, Homélies bibliques, Collection Homélies Salvator, Salvator, Paris, 3ème édition, 2001, traduction Jean Colleaux, p.43-47
[3] Hans Urs von BALTHASAR, L’amour seul est digne de foi, Paris, Parole et Silence, 1999, traduit de l’allemand par Robert Givord.
[4] Hans Urs von BALTHASAR, L’amour seul est digne de foi, Paris, Parole et Silence, 1999, traduit de l’allemand par Robert Givord.
[5] Walter KASPER, Le Dieu des Chrétiens, Paris, Cerf, 1985, p.210
[6] Walter KASPER, Le Dieu des Chrétiens, Paris, Cerf, 1985, p.279
[7] Walter KASPER, Le Dieu des Chrétiens, Paris, Cerf, 1985, p.203
[8] Walter KASPER, Le Dieu des Chrétiens, Paris, Cerf, 1985, p.273
[9] Walter KASPER, Le Dieu des Chrétiens, Paris, Cerf, 1985, p.281-282
[10] Walter KASPER, Le Dieu des Chrétiens, Paris, Cerf, 1985, p.287
[11] Walter KASPER, Le Dieu des Chrétiens, Paris, Cerf, 1985, p.287
[12] Saint Augustin in Walter KASPER, Le Dieu des Chrétiens, Paris, Cerf, 1985, p.288